ner cette colonie selon les vues constantes des colons, depuis 1789. On le verra tout faire dans ce sens, parce qu’il fut toujours d’accord avec eux.
S’il est vrai, comme l’a dit Kerverseau, que les émigrés français s’étaient longtemps flattés de ressusciter la monarchie à Saint-Domingue (en y faisant venir l’un des princes de la maison de Bourbon), ils ont pu, peut-être, d’accord avec les colons, concevoir la même pensée que Maitland à l’égard de T. Louverture, et avec d’autant plus de raison que ce chef, dans l’armée espagnole, s’affublait de décorations de la noblesse, de même que Jean François et Biassou. Mais Kerverseau, qui est resté dans la partie espagnole jusqu’au moment de sa prise de possession par T. Louverture, assigne d’autres motifs à la résolution de Maitland, d’évacuer Jérémie et le Môle. Il dit de ce général anglais :
« Qui aurait pu le résoudre à une cession que rien n’aurait pu justifier et qu’il prenait sur sa propre responsabilité, si ce n’est la conviction qu’il avait que cette cession, purement apparente et momentanée, assurerait en effet à l’Angleterre la possession de la colonie, et qu’elle n’avait l’air d’abandonner pour un instant ces deux ports que pour rentrer ensuite dans tous ceux de Saint-Domingue, et y jouir de tous les avantages de la propriété, en se déchargeant de tous les frais d’administration ? Peut-on douter, ajoute-t-il, que l’expulsion de l’agent de la République, et l’acte de souveraineté qui suivit de près cet acte de révolte, par le traité de commerce et d’alliance de T. Louverture avec les États-Unis, la guerre du Sud et l’occupation même de la partie espagnole, n’aient été les articles secrets de la convention du Môle, le prix de la restitution de cette place et de tous les attentats du général