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nelles qui le faisaient estimer et jouir d’une grande considération dans sa ville natale. Grandet fut chargé de les lui porter avec l’arrêté rendu par l’agent, qui l’autorisait à destituer et faire arrêter n’importe qui menacerait la tranquillité publique.

Il y avait au Fort-Liberté quelques troupes françaises, de la 84e, de la 106e demi-brigades et du bataillon du Morbihan. Avec ces forces et la garde nationale de toutes couleurs, les officiers supérieurs blancs crurent pouvoir opérer le désarmement du 5e régiment, en profitant surtout de l’absence de Moïse qui, en ce moment, visitait, a-t-il dit, son arrondissement ; mais qui, peut-être, recrutait des forces dans les campagnes. Un engagement ne tarda pas à survenir entre les troupes, blanches et noires : le 5e régiment, n’ayant pas beaucoup de munitions, eut le dessous ; son colonel Adrien et plusieurs de ses officiers furent faits prisonniers et envoyés par mer au Cap.

Apprenant ces événemens, Moïse rentra un moment au Fort-Liberté ; mandé par Manigat auprès de lui, il s’y refusa parce qu’il voyait bien que c’était pour l’arrêter. Manigat rendit un arrêté qui le destitua de ses fonctions, et même de son grade de général, et ordonna de l’arrêter. Moïse dut se sauver, et se rendit dans la campagne où il fit appel à la population de toutes les communes environnantes, déjà préparée secrètement au mouvement combiné. C’était le 16 octobre qu’il avait dû se sauver du Fort-Liberté ; en peu de jours, une nuée de cultivateurs marchaient sur le Cap.

Les troubles avaient commencé le 14 et avaient continué le 15 et le 16. Ce dernier jour, avisé de ce qui se passait, Hédouville adressa une lettre à T. Louverture, qu’il envoya en quatre expéditions, au Môle, à Ennery, aux Go-