Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/60

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étant sujets à l’ambition, à ce désir ardent du commandement, ils peuvent tous se diviser par ce motif.

Nous nous bornons, pour le moment, à constater aussi une chose de la part de T. Louverture : c’est qu’il joignait à la persévérance dans ses idées, une volonté, une énergie de résolution peu commune ; il fallait qu’on lui cédât toujours. L’idée qu’il se faisait de son pouvoir, de son autorité, n’admettait aucune transaction ni avec les hommes, ni avec les choses : sur ce point, nous avons présenté sa conduite sous les Espagnols, au moment où il a passé au service de la République française ; depuis qu’il y est, la première occasion qui s’offre à une pareille observation, est sa conduite envers son brave lieutenant Blanc Cazenave ; d’autres observations s’offriront encore, jusqu’à ce que nous arrivions à la mort de son cher neveu Moïse.


Comme nous nous efforçons de suivre, autant que possible, l’ordre chronologique dans la narration des faits, nous en plaçons un ici, pour donner une idée de la manière dont concevait aussi l’exercice du pouvoir, un homme de couleur qui, par la suite, a joué un rôle important dans la politique de notre pays. C’est de Blanchet aîné qu’il s’agit.

On a vu dans le deuxième livre de cet ouvrage, qu’en quittant les Cayes pour revenir au Port-au-Prince, en avril 1794, Polvérel l’avait nommé délégué de la commission civile pour la province du Sud. Quoique les deux commissaires civils fussent partis accusés et prisonniers, Blanchet aîné, si éclairé d’ailleurs, n’avait pas considéré que sa délégation était anéantie par ce fait ; il l’avait retenue, malgré sa nullité. Or, quelques membres du conseil supérieur créé par Polvérel et Sonthonax au Port-au-Prince,