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mandait son ancien collègue. Il agissait de concert avec Biassou, et leurs troupes montaient à 4000 hommes. Ils attaquèrent le Dondon qu’ils enlevèrent aux mains de Moïse qui se battit vaillamment, mais qui fut forcé de céder au nombre. T. Louverture se porta à la rencontre de son neveu, et réussit à repousser Jean François et Biassou et à les chasser loin du Dondon.

Le 15 octobre, en rendant compte à Laveaux de ces faits, T. Louverture lui transmit une copie de la lettre qu’il venait de recevoir de Renaud Desruisseaux. Il avait adressé à T. Louverture, par les Gonaïves, un imprimé contenant une lettre imprégnée du fiel colonial et écrite par Victor Hugues, alors commissaire français à la Guadeloupe, à Rigaud et Bauvais ; il leur reprochait, comme aux hommes de couleur de l’Ouest et du Sud, la déportation des nègres-suisses. Cet imprimé contenait aussi la réponse de ces deux officiers supérieurs à Victor Hugues, et ils donnaient la plus grande publicité à ces deux pièces. Nous remarquons qu’en transmettant ces deux documens à Laveaux, T. Louverture ne fit aucune réflexion, ni sur le fait malheureux dont il était question, ni sur les lettres imprimées. La prudence, la réserve de l’homme politique se décèlent dans cette absence de réflexion. Plus tard, il s’en fit une arme offensive contre tous les hommes de couleur.

Il est temps que nous parlions de l’accusation portée par les colons de Saint-Domingue contre Polvérel et Sonthonax, des débats qui s’en sont suivis entre eux, et du résultat qu’elle a eu. Ce sera le sujet du chapitre suivant.