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un imbécile. La colonie allait être ravie à sa métropole : la voilà ! Donnez-moi vos ordres ; mais que la liberté de tous mes frères soit garantie contre l’astuce de la faction coloniale, qui s’est entendue avec T. Louverture. J’ai chassé les émigrés ; et les Anglais ne peuvent plus rien à Saint-Domingue. »

Alors comme alors !… Mais au lieu d’une telle résolution, que devaient lui suggérer tous les motifs qu’il avait eus pour résister à son adversaire, pour accepter la guerre à laquelle il fut provoqué, Rigaud se borna à son inutile conquête du Grand-Goave. En ce moment, soit que sa victoire eût lieu en juillet ou en août, il avait encore d’autres motifs pour aller en avant, à raison des faits qui se passaient au Môle, dans toute la péninsule du Nord, dans ce département même, dans l’Artibonite, dans l’Ouest.


Nous avons dit que T. Louverture quitta Léogane, après le 12 juillet, et se rendit au Port-au-Prince. Étant là, il apprit ces faits.

Au Môle était le chef de bataillon Bellegarde qui commandait la ville. C’était un homme de couleur de la Guadeloupe, qui s’y était distingué dans la guerre contre les Anglais. Le colonel Noël Léveillé, un noir, frère du général Baptiste Léveillé qui avait dû partir pour France avec Hédouville, était en garnison au Môle avec la 3e demi-brigade du Nord. Lubin Golard, autre noir, de l’une des plus anciennes familles d’affranchis venues de Saint-Christophe dans la colonie, était chef du bataillon de la 9e demi-brigade, qui était resté au Port-de-Paix tandis que les deux autres avaient marché contre le Sud. S’étant concertés, ces trois officiers se prononcèrent en faveur de