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ces faits. Roume écrivit à l’agent français à Cuba, pour entraver l’acquisition de la corvette, et saisir même les 60 mille piastres, comme fonds de la République. Il envoya un blanc nommé Sasportas dans toutes les îles du Vent, auprès des agens français, notamment Desfourneaux, à la Guadeloupe, pour demander des bâtimens de guerre ou des corsaires, afin de réduire Rigaud ; il en demanda à Kerverseau qui était à Santo-Domingo, et qui lui avait écrit, au contraire, le 5 juillet, d’interposer son autorité entre les deux rivaux pour arrêter la guerre civile à sa naissance[1]. Il écrivit en même temps, le 17 juillet, à Don J. Garcia, pour le prémunir contre Rigaud. Il écrivit encore aux gouverneurs de Cuba, de Curaçao, de Saint-Thomas, pour leur demander des vaisseaux et des frégates, afin de soumettre le rebelle.

Et c’est de cet agent que M. Saint-Rémy dit : « Roume voyait avec œil et cœur marris le mouvement des choses ! » ; Roume n’était ni fâché, ni repentant de ce qui se passait : il s’en réjouissait, au contraire.

Ainsi, quant à Rigaud, il ne négligea pas d’organiser sa défense. Cependant, M. Madiou le représente en plusieurs endroits de son ouvrage, comme s’abandonnant aux plaisirs aux Cayes, y donnant des bals, négligeant de soutenir la révolte du Môle[2]. Cet auteur ne s’est pas aperçu qu’il a démenti lui-même ces accusations portées contre Rigaud par les traditions populaires ; car il parle de la formation de deux escadres de barges sous les ordres de Panayoty[3] ; et s’il relate trois combats au Grand-Goave,

  1. Kerverseau lui en adressa d’autres, les 27, 30 juillet et 9 août, dans le même but.
  2. Histoire d’Haïti, pages 344, 347, 349, 354, 355, 358, du tome 1er.
  3. Ibid. p. 350.