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En même temps, il fit une proclamation, en espagnol, adressée à tous les habitans de cette partie. Elle leur rappelait que la mission du général Agé avait eu pour but d’en prendre possession, au nom de la République française, en vertu de l’arrêté de Roume, du 27 avril 1800, et conformément au traité de Bâle ; qu’Agé n’était accompagné que d’un aide de camp et de son secrétaire ; que sans égard pour sa qualité d’ambassadeur représentant la nation française, il fut renvoyé d’une manière honteuse ; que pour éviter que la République française ne fût insultée une seconde fois, il venait lui-même avec une force armée, afin de donner protection à tous les habitans qui voudraient se soumettre ; qu’il promettait sécurité et appui à tous les propriétaires en faisant respecter leurs propriétés ; que les habitans de cette colonie, réunis à ceux de la colonie française, pourraient dès-lors s’occuper paisiblement de la culture, du commerce, et jouir de la paix et de la plus heureuse tranquillité. « Voilà ce que je puis vous dire, Messieurs, voilà ce que les principes de religion et d’humanité me prescrivent de vous exposer. Je vous présente votre bonheur et votre malheur. Choisissez celui qui vous plaira.  »

Deux jours après, le 6 janvier, Don Garcia était en possession de la lettre du 4, datée de Saint-Jean : il n’avait fallu que ce temps au courrier de T. Louverture, pour franchir les 70 lieues qui séparent Saint-Jean de Santo-Domingo. Cette lettre transmettait la copie, le duplicata de celle du 20 décembre dont le primata serait donc entre les mains de Moïse, si toutefois ce ne fut pas une ruse de T. Louverture. Quoi qu’il en soit, le gouverneur espagnol apprenait le projet du général en chef en même temps que sa présence à Saint-Jean, à la tête d’une troupe autre que