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dépendance, et l’Angleterre ; on prévoyait une guerre entre cette dernière puissance et la France.

Le 27 janvier, le lendemain de son entrée à Santo-Domingo, T. Louverture ayant appris que beaucoup d’habitans étaient déjà partis et que d’autres allaient les imiter, publia un avis pour rassurer ces derniers sur ses dispositions à les traiter avec bienveillance, et engager les autres à revenir dans leurs foyers. Toute sa conduite antérieure, depuis qu’il avait abandonné les Espagnols en 1794, donnait peu de confiance en lui : son hypocrisie et ses méfaits en étaient cause, car le vice porte sa propre condamnation.

Le 31, il écrivit à Don Garcia, d’abord pour lui demander la liste des communes de la partie espagnole, afin d’y envoyer ses actes : « Il est instant qu’ils soient connus pour tranquilliser les esprits ; » ensuite, pour lui déclarer que son intention étant d’établir les mêmes lois et les mêmes mesures dans toute l’île, il mettait la gourde à onze escalins, comme il avait fait à Azua.

Le 2 février, il publia une proclamation aux habitans de Saint-Domingue, annonçant la prise de possession de la ci-devant partie espagnole de l’île, au nom de la France : elle contenait sa profession de foi sur son gouvernement et son administration, dans les vues d’assurer le bonheur de tous.

Afin de compléter ses vues connues depuis longtemps, T. Louverture publia une autre proclamation le 5 février : elle était adressée aux administrations municipales de la colonie et à ses concitoyens[1]. Après leur avoir exposé les faits qui se passèrent dans la mission du général Agé

  1. Le 5 février 1801 correspondait au 16 pluviôse an 9 : cette dernière date était l’anniversaire du décret de la convention sur la liberté générale. En ren-