Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/355

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Rigaud n’était donc pas le seul qui eût de l’ambition ! Et Hédouville, n’était-il pas l’agent du Directoire exécutif ? Pourquoi donc T. Louverture lui refusa-t-il obéissance  ? Pourquoi ne voulut-il pas occuper sous lui la seconde place  ? C’est bien par son ambition, selon M. Madiou lui-même. Mais apparemment, il était privilégié sous ce rapport.

Et ce système des colons, T. Louverture ne le poursuivit-il pas en tout point, soit dans les assassinats prémédités de longue main, suivant les aveux de Roume en 1796, soit par ses règlemens de culture ? Après son triomphe sur Rigaud, après la prise de possession de l’Est, ne sacrifia-t-il pas les vrais intérêts des noirs ? Ne sont-ce pas tous ces résultats prévus qui portèrent Rigaud à lui résister ?

Cependant, admettons, pour un instant, que Rigaud fut l’auteur de la guerre civile du Sud. Était-ce une raison pour T. Louverture de couvrir d’ossemens humains, de vastes espaces ? De ce que Pétion fit défection, de ce qu’il était à prévoir qu’un ou même plusieurs autres officiers eussent pu l’imiter, y avait-il justice, y avait-il nécessité de donner l’ordre à Dessalines, de faire main basse sur des femmes et des enfans, sur toute une classe d’hommes, devenue une race sous la plume de M. Madiou ? C’est en vain que cet auteur qualifie de faits cruels, de cruautés, d’horrible réaction, les crimes commis par ordre de T. Louverture : selon lui, c’est Rigaud qui est seul responsable de toutes ces horreurs, — « parce qu’ayant refusé la seconde place, voulant renverser celui auquel il devait obéissance, se souciant fort peu, pour satisfaire son ambition, de répandre sur son pays toutes sortes de maux, » — c’est lui qui en est la cause.

Ainsi, tous ces crimes commis se trouvent e quelque