Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/382

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dataires, vous prouve à quel point il désire votre bonheur, il vous annonce que le temps des déchiremens est passé ; il vous démontre la nécessité de vous donner des lois de convenance ; et adoptant cette maxime constante, que les lois sont des conventions établies par des hommes qui doivent s’y conformer pour régler l’ordre de la société, il vous fait concevoir qu’il en est d’elles comme des productions de la terre, que chaque pays a ses mœurs, ses statuts, comme ses fruits propres.

D’après ces principes, une assemblée d’habitans a reçu de vous l’importante lâche de poser les bases constitutionnelles du régime intérieur de cette colonie ; et fidèle à la métropole, le général qui a autorisé la convocation de cette assemblée, a proclamé que ces bases constitutionnelles seront soumises à la sanction du gouvernement français.

Mais vos mandataires ont dû interpréter favorablement le trop long silence de la métropole. Considérant son éloignement et l’état de guerre où elle se trouve, ils ont dû être effrayés de l’absence des lois ; et dans ce péril imminent, ils ont dû, par amour pour vous et attachement à la France, dissiper toutes les inquiétudes, rassurer tous les esprits. Ils se sont rappelés que le salut de tous est la suprême loi, et ils ont cru devoir inviter le général qui veille sur les destinées de Saint-Domingue à faire mettre sur le champ à exécution les bases de législation qu’ils ont posées. Aujourd’hui ces bases vous sont offertes. Votre bonheur présent et futur a constamment occupé vos mandataires ; ils se sont efforcés de le rendre durable. Puissent-ils ne s’être point trompés !

Colons français, et vous, braves Soldats, n’oubliez jamais et pénétrez-vous bien qu’il n’est que le temps et l’expérience qui puissent consolider les institutions humaines. Ralliez-vous autour du pacte de famille qui vous est présenté. Vos mandataires le déposent dans votre sein, comme le palladium de votre liberté civile et politique, et comme le gage de leur affection pour vous et de leur dévouement à la République. Vive la République qui réédifie et qui protège les colonies !

B. Borgella lut immédiatement après, la constitution annoncée par cette adresse. Cette lecture n’excita, dit-on, aucun enthousiasme, ni de la part des fonctionnaires publics qui entrevoyaient, dans l’exécution immédiate de cet acte, une cause de répression infaillible par le gou-