Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/410

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senter ainsi cette administration : le premier a beaucoup puisé dans le livre publié en 1814 par Malenfant ; celui-ci y a dit : « Sous Toussaint, la colonie était florissante ; les blancs étaient heureux et tranquilles sur leurs biens, et les nègres travaillaient,  »… au profit des blancs et des chefs militaires.

Cette commission française a, d’une autre part, puisé des renseignemens dans le rapport présenté au gouvernement anglais par M. Mackensie, son consul général en Haïti, qui, lui-même, recueillit des données de plusieurs anciens officiers, vivant encore, lesquels avaient été employés à surveiller les cultures sous T. Louverture.

« Aussitôt qu’il eut décidément établi son pouvoir, dit Mackensie, et pris la direction suprême de la colonie, il plaça tout le système agricole sous la direction de Dessalines, depuis Empereur, et de Moïse, son propre neveu : ces deux hommes furent créés inspecteurs généraux ; ils eurent sous leurs ordres des inspecteurs de district, et ceux-ci eurent sous leur autorité les propriétaires, les fermiers, les gérans des plantations. Ces officiers exerçaient sur leurs subordonnés un pouvoir sans limites, et toutes les déclarations concourent à représenter le système établi comme aussi arbitraire et aussi despotique que possible. Le fouet fut aboli ; mais on usait sans scrupule du bâton et des racines de ces plantes rampantes qu’on appelle à Haïti lianes (les verges étaient pires que les lianes) ; le sabre, le mousquet, étaient fréquemment employés pour dompter les ateliers et les bandes réfractaires ; on allait jusqu’à enterrer des hommes vivans. Dans les environs des Cayes, un propriétaire respectable m’a assuré qu’il avait vu lui-même une femme enceinte battue par