Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/453

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Certes, de la manière que les choses ont été ainsi arrangées dans les Mémoires de Sainte-Hélène, c’est T. Louverture qui a eu tous les torts pour avoir fait sa constitution et l’avoir mise à exécution ; car le Premier Consul était bien disposé en sa faveur comme en faveur des noirs. Eh bien ! tâchons de prouver qu’il y a au moins de l’inexactitude dans ce récit, et que le plan exécuté par l’expédition envoyée sous les ordres du général Leclerc existait avant l’arrivée de Vincent avec la constitution coloniale.

Si la paix de Lunéville fit prévoir le moment où la paix serait aussi conclue avec l’Angleterre, dès le 27 juin une convention avait été signée pour l’évacuation de l’Egypte par l’armée française. La France se voyait déchue dans son espoir d’y fonder une colonie qui eût pu remplacer Saint-Domingue. Aussi ne s’agissait-il que de reprendre cette ancienne colonie et d’y joindre la Louisiane que la France avait également fondée et possédée. La Guadeloupe elle-même était dans la même situation que Saint-Domingue, quant à la condition des noirs ; leur liberté s’y était maintenue, par le courage et l’énergie de ces hommes qui en avaient chassé les Anglais.

Suivant le Moniteur du 6 fructidor an 9 (24 août), un acte des consuls y avait créé un capitaine-général, un préfet colonial et un commissaire de justice[1]. Le capitaine-général pouvait, dans certains cas urgens, surseoir en tout ou en partie, à l’exécution des lois et règlemens existans, après en avoir conféré avec le préfet ou le commissaire. Le décret de la convention nationale sur la liberté générale était une loi. Le Moniteur du 4 vendé-

  1. On a vu au chapitre IV que le titre de capitaine-général fut décrété, le 6 février, en faveur de T. Louverture. La pensée de l’organisation du pouvoir à Saint-Domingue était donc la même que pour la Guadeloupe.