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« On leur promit, dit cet auteur, de ramener Saint-Domingue dans le giron de la mère-patrie : ils promirent leur concours pour faire rentrer le fleuve vendéen dans son lit[1]. »

Malenfant, qui fait savoir qu’il était breton, mais qui n’était pas noble, confirme à peu près cette assertion en disant : « Madame Bonaparte, qui ne connaissait que la Martinique, a beaucoup contribué, dit-on, à persuader le Premier Consul de ramener l’esclavage [2]. »

M. Thiers, dans son Histoire du consulat et de l’empire, en résumant les divers motifs de l’expédition, dit aussi :

« Une considérable partie des nobles français déjà privés de leurs biens en France par la révolution, étaient en même temps colons de Saint-Domingue et dépouillés des riches habitations qu’ils avaient jadis possédées dans cette île. On ne voulait pas leur rendre leurs biens en France, devenus biens nationaux ; mais on pouvait leur rendre leurs sucreries, leurs caféteries à Saint-Domingue, et c’était un dédommagement qui semblait pouvoir les satisfaire. Ce furent là les motifs divers qui agirent sur la détermination du Premier Consul. Recouvrer la plus grande de nos colonies, la tenir non pas de la douteuse fidélité d’un noir devenu dictateur, mais de la force des armes ; la posséder solidement contre les noirs et les Anglais ; rendre aux anciens colons leurs propriétés cultivées par des mains libres ; joindre enfin à cette Reine des Antilles les bouches du Mississipi, en acquérant la Louisiane : telles furent les combinaisons du Premier Consul, — combinaisons regrettables, comme on le verra bientôt, mais com-

  1. Tome 1er, p. 153.
  2. Page 265.