Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/60

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presque jugé par le seul exposé de ses actes ; et d’ailleurs, il jouait un rôle naturel entre ces deux rivaux, le rôle qui convenait aux hommes de sa race.

Ici, nous éprouvons le besoin de faire une déclaration. Nous allons nous trouver fort souvent en opposition d’appréciations avec un auteur moderne, M. Madiou, notre compatriote, par rapport à Rigaud et à T. Louverture : le lecteur le remarquera, tant dans ce livre que dans celui qui va le suivre.

Comme dans ces Études de notre histoire nationale, nous ne nous bornons pas à relater des faits ; mais que nous citons des actes et des documens, que nous les examinons, que nous réfutons les auteurs quand il y a lieu ; ainsi nous ferons de l’Histoire d’Haïti par M. Madiou : ouvrage que nous estimons d’ailleurs par le sentiment patriotique qui l’a dicté, par son mérite, et encore pour avoir beaucoup aidé à notre propre œuvre. Nous le ferons, parce que cela nous paraît important dans l’intérêt de la vérité historique, dans l’intérêt de notre pays. Il nous semble qu’il faut appeler l’examen des esprits éclairés, sur les faits et les actes de nos révolutionnaires, afin de former une opinion raisonnée, générale, qui puisse guider la jeunesse de notre pays dans l’étude qu’elle doit faire de son histoire.

M. Madiou décide à priori, pour ainsi dire, contre Rigaud dans sa querelle avec T. Louverture. Il prête à ce dernier la louable intention, le noble projet dé l’indépendance absolue de Saint-Domingue, pour éviter la réaction qui se préparait en France contre les noirs, anciens esclaves, et dans le but de conserver leur liberté, de la sauve garder. Il va même jusqu’à dire que — « les Haïtiens doivent remercier la Providence d’avoir se-