Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rebelle, et l’armée de ce rebelle (T. Louverture) n’aurait-elle pas journellement abandonné son parti pour se rallier sous les ordres de l’agent et du véritable général en chef ?

« Cette lettre ne signifie rien de plus, si ce n’est que l’agent Hédouville, trompé par d’indignes flagorneurs, croyant à leurs atroces et ridicules mensonges contre le sauveur de Saint-Domingue, le vertueux Toussaint Louverture ; ne se défiant pas moins du général Rigaud ; se croyant obligé de mener en France tous les républicains que pouvaient contenir les trois frégates, afin de les soustraire aux fureurs de l’un et l’autre général ; s’étant persuadé que tous les Français qu’il laissait à Saint-Domingue n’étaient que des traîtres dignes du dernier supplice ; se croyant obligé de leur faire, en partant, tout le mal possible, de tout exterminer, enfin, à l’exception du sol : cet agent, disons-nous, ne pouvait imaginer rien de plus analogue à sa manière de voir, que ce qu’il a fait. Sa lettre à Rigaud n’est-elle pas la pomme de discorde, n’a-t-il pas lancé le général Rigaud contre son chef, avec la même insensibilité qu’il aurait lâché un dogue contre un lion ? Non-seulement il voulait compromettre Rigaud vis-à-vis du général en chef, ne le compromettait-il pas également envers le général Laplume et l’imperturbable Bauvais, qu’il soumettait, de dessein prémédité, aux ordres de Rigaud[1] ? L’agent Hédouville ne se croyait-il pas obligé, en outre des mesures prises pour noyer la colonie dans le sang, de recourir à toutes celles qui pouvaient l’affamer ? C’est ce que prouvent les lettres par lui écrites aux receveurs français à Porto-Rico, Curaçao, la Havane et San-

  1. Machiavélisme de Roume, pour porter Bauvais à observer sa neutralise : il y réussit.