Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

écrit adressé au général en chef et à l’agent, l’énormité de sa fatale erreur, et moyennant qu’à l’avenir sa conduite ne se démente pas.  » Dans le cas contraire, le général en chef était autorisé et requis de réprimer sa révolte par l’emploi de la force armée ; les gardes nationales et les cultivateurs étaient mis en réquisition permanente ; les généraux Bauvais, A. Chanlatte, Moïse, Dessalines, Agé, Laplume et Clervaux étaient responsables de l’exécution des ordres que leur donnerait le général en chef, et la même obligation imposée aux officiers et soldats de l’armée de Saint-Domingue.

Avant que cette proclamation eut été rendue par Roume, T. Louverture se porta au Port-au-Prince où il renouvela, à l’église, l’anathème qu’il y avait lancé contre la classe des anciens libres : c’était dans les derniers jours de juin. Il fit arrêter Christophe Mornet et Maçon, et les envoya aux Gonaïves où ils furent tués avec les précédens détenus du Morne-Blanc. Le commandement de la 8e demi-brigade fut confié au colonel Pierre-Louis Diane ; celui de l’arrondissement du Port-au-Prince, à Paul Louverture ; et celui de la place resta aux mains de Huin.

Le général en chef fit désarmer la garde nationale, composée en grande partie d’hommes de couleur. Après cette opération, le général Dessalines partit pour Léogane à la tête des troupes de l’Artibonite, venues avec lui dès les premiers jours de juin.

Le général en chef se rendit dans cette ville, où il joua de nouveau le rôle hypocrite qu’il avait rempli deux fois au Port-au-Prince. Voulant toujours paraître inspiré de l’esprit divin, il s’affubla d’un mouchoir blanc à la tête ; et tenant un cierge blanc à chacune de ses mains, il s’agenouilla devant la porte de l’église et eut l’air de prier avec