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division Dugua ; Geffrard, Bonnet et la plupart des autres officiers venus de Saint-Yague, arrivèrent aussi à Saint-Marc et marchèrent contre la Crête-à-Pierrot. J. P. Boyer était employé à l’état-major du général P. de Lacroix[1].

Tout près de la Petite-Rivière et de la rive droite de l’Artibonite, était un autre champ de carnage où Dessalines avait fait massacrer environ deux cents blancs, immédiatement après le départ de T. Louverture pour le Nord : nouvel indice que ce fut par ses ordres. C’est pendant qu’on opérait cet acte de cruauté, que le naturaliste Descourtilz réussit à sauver sa vie, en se précipitant chez ce général même, afin d’implorer l’intervention de Madame Dessalines. Cette femme humaine dut employer les larmes, les supplications, se jeter aux genoux de son inexorable mari, pour obtenir la grâce de ce jeune homme, en lui représentant qu’étant médecin, il pourrait être utile aux blessés : il fallut néanmoins le concours de ses aides de camp présens à cette scène, où la vertu le disputait au crime, pour qu’elle réussît à épargner la vie de ce malheureux. Comme elle l’avait prévu, Descourtilz, renfermé au fort de la Crête-à-Pierrot, donna ses soins aux militaires blessés dans les diverses attaques.

La vertu a donc toujours raison dans ses appréciations favorables à l’humanité ! Le crime n’est donc pas nécessaire, même dans une situation politique !


L’investissement du fort étant consommé avec tout l’art du génie militaire, par les soins du chef de brigade Bachelu, des canons, des obusiers et des mortiers lan-

  1. Boyer m’a dit que ce général lui témoignait beaucoup d’égards. On ne doit pas alors s’étonner de ce que P. de Lacroix dit de lui, à la page 266 du tome 2 de ses Mémoires.