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la quantité d’armes et de munitions qui lui seraient nécessaires. Enfin, il fait rester Dessalines au Cap jusqu’à l’arrestation et l’embarquement de T. Louverture. « Ce fut le coup de lumière pour Dessalines, » dit son panégyriste.

En présence de l’affirmation d’Isaac Louverture, concernant les lettres qui étaient en possession de Leclerc, on ne peut donner une entière créance aux assertions de Boisrond Tonnerre. Il est fort probable que Leclerc aura entretenu Dessalines, des mulâtres et de ses desseins contre eux ; car il n’avait pas déporté Rigaud et d’autres officiers de cette classe, sans avoir des vues déloyales contre elle[1]. Mais il est impossible qu’il ne lui ait pas parlé de T. Louverture, alors que les autres généraux désiraient sa déportation, et pour lui faire voir le danger de sa présence dans la colonie, inspirer par-là plus de confiance à Dessalines qu’il avait employé, et dont il voulait se servir pour opérer le désarmement des cultivateurs et les contraindre à la culture. Boisrond Tonnerre n’a voulu, enfin, que soustraire Dessalines à l’accusation de trahison envers T. Louverture : accusation vulgaire, sans discernement de la vraie situation politique où était alors Saint-Domingue.


Quoi qu’il en soit, depuis sa soumission, T. Louverture, retiré sur son habitation Descahaux[2] dans la montagne

  1. « Mais Leclerc fit tout le contraire ; il abattit le parti de couleur, et donna sa confiance aux généraux noirs.… » Mémorial de Las Cases.
  2. Dans nos autres volumes, nous avons mal orthographié le nom de cette habitation, en l’écrivant Descahos. C’est celle où il aimait à aller méditer dans le temps de sa toute-puissance. Les autres habitations qu’il possédait près d’Ennery se nommaient Sancey, la première qu’il acheta en 1795, Beaumont et Rouffelier.