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il se peut fort bien qu’il l’ait répétée encore à ceux qui l’entouraient, pour entretenir leur espoir dans l’avenir.

Cet auteur prétend de plus, que la police du capitaine général réussit à saisir, à intercepter deux lettres écrites par T. Louverture à l’adjudant-général P. Fontaine, son ancien aide de camp, qui était resté au Cap son agent secret.

Dans la première, dont on ne donne pas la date, T. Louverture se serait emporté en invectives contre Christophe, et se serait plaint que Dessalines l’a abandonné. Il y exprimait en outre, suivant P. de Lacroix, le plaisir qu’il éprouvait d’apprendre que la Providence venait enfin à son secours, en faisant allusion à l’hôpital de la Providence situé au Cap, où mouraient de nombreux soldats français par la fièvre jaune. Il demandait à Fontaine combien on faisait par nuit de voyages à la Fossette, cimetière où ces morts étaient enterrés. Il recommandait enfin à Fontaine, de le prévenir aussitôt que Leclerc lui-même tomberait atteint de cette cruelle épidémie.

La seconde était ainsi conçue :

Au quartier Louverture (Ennery), le 7 prairial an X (27 mai).
Le général Toussaint Louverture, au citoyen Fontaine.

Vous ne me donnez pas de nouvelles, citoyen. Tâchez de rester au Cap le plus longtemps que vous pourrez.

On dit la santé du général Leclerc mauvaise à la Tortue, dont il faut avoir grand soin de m’instruire.

Il faudrait voir : pour des a… de la Nouvelle. Quant à la farine, dont il nous en faudrait comme de cette dernière, on ne l’enverrait pas sans avoir passé à la Saona[1], pour connaître le point où l’on pourrait en sûreté les mettre.

  1. La Saona, petite île située près des côtes de l’Est d’Haïti. Il est assez singulier que des agents secrets de T. Louverture s’y seraient trouvés pour indiquer