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grand courage : « Un instant avant sa mort, dit P. de Lacroix, il fit par écrit ses adieux à sa famille dans les termes les plus touchans. Cet écrit était un chef-d’œuvre d’éloquence et de résignation[1]. »

Nous regrettons de ne pouvoir le produire ici, pour honorer la mémoire de Fontaine ; mais du moins, ces deux lignes que nous empruntons à l’historien français y suppléent en partie. Nous eussions aimé à savoir si, par devant ses juges, l’accusé aura protesté ou non de son innocence ; car, c’aurait été un moyen d’éclaircir le fait imputé à T. Louverture.

Celui-ci, rendu en France, eut l’occasion de lire dans les journaux ce qui lui était attribué à cet égard, et il a ajouté un paragraphe à son mémoire adressé au Premier Consul, pour repousser cette accusation : « Je n’ai jamais écrit de pareille lettre, dit-il, et mets au défi qui que ce soit de la produire, de me citer à qui je l’ai adressée, et de faire paraître cette personne. Au reste, cette calomnie tombe d’elle-même : si j’avais eu l’intention de reprendre les armes, les aurais-je déposées, et aurais-je fait ma soumission ? Un homme raisonnable, encore moins un militaire, ne peut supposer une pareille absurdité. »

Ayant lu encore une lettre de Leclerc au ministre de la marine, concernant son intention de reprendre les armes et le commandement de la colonie, quand la fièvre jaune

  1. Leclerc eut la pensée de déporter Fontaine en France. Une liste, signée de lui, porte le nom de Fontaine parmi ceux des autres officiers embarqués sur la Nathalie ; mais il se ravisa, sans doute, et le fit juger. Cette liste dit de tous ces officiers : « Ce sont des affidés de T. Louverture, couverts de crimes. Aucun de ces scélérats ne mérite le moindre ménagement.  » Est-il alors étonnant que le chef de division Savari ait eu de mauvais procédés pour les prisonniers du Héros ?