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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/254

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les deux autres départemens de l’Artibonite et du Sud. L’ancienne partie espagnole continua d’être sous la juridiction spirituelle de l’évêque Mauvielle.

À propos de toute cette organisation, il est convenable de citer ici une appréciation du général Pamphile de Lacroix :

« S’adonnant sans relâche, dit-il, à l’établissement du nouveau mode d’administration et à l’organisation du nouvel ordre judiciaire, le capitaine-général Leclerc crut trouver dans un grand nombre d’agens une digue pour contenir la masse entière des noirs ; mais ces agens, moissonnés par le climat, ou inactifs par son influence, laissaient tomber en désuétude l’action de leur autorité, et chaque jour voyait naître des arrêtés dont l’inexécution n’était pas assez remarquée par nous… »

Cependant, à la mi-août, environ 4000 hommes arrivèrent de France. Ce renfort eût pu sans doute suppléer un peu à la désuétude des arrêtés, à l’inaction forcée des agens, si ces malheureux soldats envoyés si loin de leur pays, dans un but si coupable, n’étaient destinés eux-mêmes à subir l’influence mortelle de ce climat destructeur : la plupart allèrent grossir le nombre des moribonds dans les hôpitaux du Cap.

On vit alors les femmes indigènes de cette ville, oubliant généreusement tout le mal qu’on faisait déjà à leurs frères, se dévouer avec une énergie surhumaine pour soigner les malades dans ces hôpitaux et dans la ville, leur prodiguer tout leur temps pour aider les médecins, les chirurgiens dans leur œuvre. Leclerc ne put se soustraire au devoir de leur adresser des félicitations et des remercîmens, en même temps qu’il témoignait sa satisfaction aux officiers de santé.