tachement obligé à la France n’avait que ces motifs. Quoiqu’en ait dit Boisrond Tonnerre, il ne paraît pas que Dessalines lui ait communiqué les projets qu’il avait conçus avec Pétion ; c’est ce dernier qui eut la franchise de s’ouvrir à lui, et qui l’entraîna, comme il entraîna Clervaux.
Dans les premiers jours du mois d’octobre, mais après l’exécution de Charles Bélair, il paraît, selon P. de Lacroix, que « Dessalines vint au Cap renouveler au capitaine-général Leclerc ses protestations de fidélité et de dévouement. Cet homme, dit cet auteur, aussi faux que cruel, ne cessa, durant son séjour, de parler avec horreur des révoltés et d’annoncer qu’il avait soif de leur sang. Dans un moment d’essor de toute son indignation, où l’agitation de ses membres peignait encore plus de rage que ses paroles, le général en chef lui dit avec transport : que les troupes qu’il attendait de France allaient le mettre à même de porter un coup terrible. — Il faut, s’écria Dessalines en fureur, que ce soit un tremblement de terre général. »
S’il est vrai que cet entretien eut lieu entre Leclerc et Dessalines, nous ne trouvons pas moins de fausseté et de cruauté dans les paroles du capitaine-général que dans celles de son interlocuteur. La lettre précitée de Brunel, du 20 septembre, a déjà prouvé à quel point Leclerc était faux envers Dessalines qu’il caressait, pour le porter à des actes barbares.
Maintenant, quelle était la cause du transport qu’il éprouva à l’idée de la prochaine arrivée de troupes françaises ? Quel était ce coup terrible qu’il comptait porter, et contre qui ? Contre les insurgés seulement ? On aurait tort de croire qu’il ne pensait qu’à eux : les chefs prin-