Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/306

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’on devait en faire ; et cela, au moment où Pétion venait de renvoyer au Cap les canonniers français !…

Quand vous retracez l’histoire, avouez donc et flétrissez les crimes commis par n’importe qui !… Excusons toutefois le général Pamphile de Lacroix ; car sa tâche était plus que pénible, plus que difficile ; et s’il s’efforça de dissimuler le crime, du moins il n’en commit pas lui-même. Nous le disons à sa louange.

C’est après l’expulsion des Français du Haut-du-Cap, que Pétion vit arriver auprès de lui l’un des plus valeureux officiers de Rigaud, — Nicolas Geffrard, destiné à être le héros de l’indépendance dans le Sud.

Après la prise de la Crête-à-Pierrot, il s’était rendu au Port-au-Prince et de-là à l’Anse-à-Veau, dans l’intention d’aller aux Cayes. Mais, apprenant que pour lever le séquestre apposé sur ses biens depuis la fin de la guerre civile, il fallait une décision du préfet colonial, il se rendit au Cap afin de l’obtenir. Là, se trouvaient Courroy et Cariot, deux blancs qui avaient servi aux Cayes et qui le connaissaient : ils le dénoncèrent, dans ce moment de l’insurrection générale du Nord. Prévenu à temps, Geffrard fut se cacher à bord d’un caboteur et y rencontra Lys jeune et N. Brouard, ses amis du Sud. Ne prévoyant pas pouvoir éviter son arrestation, causant avec eux de cette probabilité, il eut un moment de désespoir ; il saisit un pistolet pour se faire sauter la cervelle. Heureusement, Lys accourut et arracha cette arme de ses mains. Ces deux amis le persuadèrent de venir à terre, pour rester avec eux dans la même maison qu’ils occupaient : déguisé en matelot, il s’y rendit dans la soirée et s’y tint renfermé. On le cherchait de tous côtés. Sur ces entrefaites arriva la prise d’armes du Haut-du-Cap ; et dans le tumulte qui