Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/324

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Saint-Marc, les Polonais avaient montré une répugnance louable à exécuter les ordres barbares du général Quentin. Créer un corps de polonais noirs, c’était donc, de la part de Dessalines, un témoignage d’estime et de bienveillance donné aux infortunés enfans de la Vistule.

Gabart, Montauban, Cottereau, Magny furent reconnus colonels des 4e, 7e, 8e et 14e demi-brigades, Joseph Jérôme celui des polonais. Des officiers de mérite, Pierre-Toussaint, Jean-Louis Longuevalle, Jean-Louis Boisneuf, Marinier, Pierrot Michel, Philippe Guerrier, Jean Charles, les uns mulâtres, les autres noirs, devinrent les chefs de bataillon de ces corps. Charlotin Marcadieu, destiné à donner un jour le bel exemple d’un dévouement rare, fut fait colonel d’un régiment de cavalerie, et eut Paul Prompt pour chef d’escadron, en attendant l’organisation complète de ce corps. Des postes furent confiés à ces divers chefs pour se garder de toute entreprise de la part des Français.

Naturellement, cette première organisation, ce noyau de l’armée nationale, reconnut en Dessalines, le général en chef unique qui devait désormais diriger toutes les opérations de la guerre : ses titres à cette haute position étaient visibles à tous les yeux. Bientôt après, la jonction de Pétion avec lui vint confirmer et sanctionner cette qualité de Chef suprême des Indigènes, en l’homme qu’il avait déjà reconnu pour tel.

Dessalines fixa son quartier-général dans l’Artibonite, sur le théâtre où la plus grande résistance avait été faite à toute l’armée française réunie, où sa valeur héroïque lui avait conquis sa position actuelle. Il se tenait tantôt à la Petite-Rivière, pour ainsi dire à la Crête-à-Pierrot, tantôt sur l’habitation Laville ou sur celle de Marchand, dont il