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Successivement et jusqu’en avril 1803, de nouvelles troupes arrivèrent de France et renforcèrent cette armée de 12 mille hommes depuis la mort de Leclerc, car la rupture de la paix d’Amiens, au mois de mai, ne permit plus à la France d’en envoyer.[1]

Des officiers de tous grades, des fonctionnaires publics, étaient déjà retournés en France avec la permission de Leclerc ; en conséquence de l’état des choses, Rochambeau décida que les militaires réellement invalides auraient seuls cette faculté.

Il fallait pourvoir à la subsistance de la garnison et des habitans du Cap : le droit établi de tout temps, et encore sous T. Louverture, sur les bêtes à cornes qu’on introduisait de la partie espagnole dans l’ancienne colonie française, avait été maintenu jusque-là ; Daure venait de le supprimer. Mais afin de faire de Monte-Christ, voisin du Cap, l’entrepôt de cet approvisionnement, le capitaine général plaça ce bourg et tout son territoire dans le département du Nord. Par les soins du général Pamphile de Lacroix, le Cap reçut beaucoup de ces bestiaux.

Comme nous l’avons déjà dit, l’état des finances était déplorable. Excepté le Sud, les autres départemens étant en insurrection, fort peu de denrées entraient dans leurs villes : de là peu d’exportations, et avec cela le pillage organisé dans les douanes. Des mesures administratives furent prises, dans le but principal de diminuer ces fraudes et la contrebande. Un nommé Deneyre, administrateur à Jérémie, fut sans doute moins adroit que d’autres : pris en flagrant délit, il fut arrêté par ordre de Rocham-

  1. Pamphile de Lacroix a donné un état général des troupes venues sous Leclerc, s’élevant à 35,131 hommes. Nous avons vu un autre état portant ce chiffre à 47,286 en tout, sous les deux gouvernemens.