Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/407

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vint prêter son concours à Romain dans le but de s’emparer de ce bourg et de détruire ces plantations. Clauzel marcha contre eux par terre, en même temps qu’il envoyait d’autres troupes débarquer à la baie de l’Acul : il réussit à refouler au Limbe les deux généraux noirs et à conserver cette position devenue si utile à l’alimentation du Cap.

Depuis que Rochambeau avait quitté cette ville, Clauzel, Claparède et Thouvenot avaient fait cesser tous les crimes ; par leurs sentimens de justice et d’humanité, ils maintenaient les indigènes dans la fidélité à la France, et ceux-ci combattaient avec ardeur contre les insurgés. C’est ce qui peut expliquer la tendance des Congos du Nord, à venir peu après opérer des échanges de vivres, de légumes et d’autres denrées avec les Français au Cap : ce qu’ils firent ensuite sur une plus large échelle.


Mais les choses avaient pris une tournure si défavorable à la cause française, que Rochambeau se décida à envoyer en France le général Royer, chargé d’exposer au Premier Consul la situation de la colonie, de presser l’envoi de nouvelles troupes, avec tout ce qui serait nécessaire à leur entretien, surtout de l’argent, puisque la colonie ne fournissait plus aucune ressource. C’était, au fait, une mission qui devait annoncer l’agonie de Saint-Domingue. Tous les fonctionnaires civils furent invités à produire les demandes qu’ils auraient à faire, pour les branches de service dont ils étaient chargés.

Le préfet Daure, en même temps ordonnateur en chef, écrivit à cette époque une lettre au Premier Consul lui-même ; il lui fit un tableau vrai de la situation de la colonie, qui justifiait ses prévisions quand il vit passer les rênes du gouvernement entre les mains de Rochambeau ; il y