Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/412

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plaine de Léogane, Cangé s’empressa de réunir le plus de troupes qu’il pût pour se rendre au Cul-de-Sac, en en laissant suffisamment contre la ville toujours occupée par les Français. Marchant avec ses meilleurs officiers, Lamarre, Marion, Sanglaou, Mimi Baude, il arriva au camp Frère. Au lieu d’attendre que le général en chef eût le temps lui-même de pénétrer au Cul-de-Sac, il se disposa à attaquer la Croix-des-Bouquets ; et dans ce but, il partit du camp Frère en divisant sa troupe en deux colonnes : l’une sous ses ordres, l’autre sous ceux de Mimi Baude ; elles arrivèrent sur les habitations Borgella et Jumécourt.

La Croix-des-Bouquets était alors commandée par le chef de brigade Lux, qui avait remplacé Néraud, devenu commandant de la garde d’honneur de Rochambeau, depuis la mort de Neterwood. Lux était le chef de la 5e légère, un des corps les plus fameux de l’expédition française ; et lui-même se distinguait par sa bravoure entre tant d’autres braves guerriers. Avisé de la marche de Cangé, il fut au-devant de ses colonnes avec deux bataillons de sa demi-brigade. Le général indigène fut battu en bien peu de temps à Borgella, par Lux en personne. Mimi Baude résista davantage à l’autre bataillon qui le joignit à Jumécourt ; mais, ayant été blessé mortellement dans l’action, sa colonne rallia celle de Cangé qui retourna au camp Frère. Mimi Baude y mourut, regretté de tous : ce brave reçut les honneurs funèbres de ses compagnons d’armes.

En même temps, Dessalines partait de la Petite-Rivière avec Gabart et de nombreuses troupes. Il atteignit bientôt le Mirebalais où se trouvaient encore Luthier et David-Troy. Apprenant que des troupes françaises, sous