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Fressinet lui fît proposer une suspension d’armes de dix jours, pour avoir le temps d’évacuer cette ville. Férou y ayant consenti, cette évacuation s’opéra le 4 août, et Fressinet fut capturé par les Anglais qui l’amenèrent à la Jamaïque avec ses troupes.

Quand Férou allait à Jérémie, Brunet ayant reconnu que Geffrard faisait la guerre avec modération, lui fit proposer une trêve de quinze jours, afin d’ouvrir un marché aux portes de la ville des Cayes qui était en proie à la famine ; il voulait ainsi nourrir et soulager sa troupe. Geffrard y consentit, dans l’intérêt surtout de la population indigène qui souffrait autant que la garnison française. L’une et l’autre purent ainsi s’approvisionner de vivres et de légumes. Les quinze jours étant expirés, la guerre recommença.

Apprenant ensuite la prise de Jérémie, Geffrard laissa Gérin à la tête de ses troupes et se rendit en cette ville, où il se conduisit avec la plus grande humanité, de même que Férou, envers tous les habitans sans distinction. Peu après, il y vit arriver le chef d’escadron Bonnet, venant de Saint-Yague de Cuba : il accueillit ce compagnon d’armes avec une cordialité digne de leurs antécédens à tous deux, et l’expédia porteur de ses dépêches au général en chef que Bonnet rencontra au Cul-de-Sac. Dessalines le reçut avec distinction, et le promut immédiatement au grade d’adjudant-général dans son état-major. Bonnet avait été le chef de celui de Rigaud. Si les anciens officiers du Sud prouvaient tous à Dessalines qu’ils avaient étouffé tout ressentiment, le général en chef lui-même démontrait aussi qu’il avait oublié le passé pour ne songer qu’au salut commun.

Cependant, lorsqu’il eut appris que Geffrard avait con-