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que sous le gouvernement de T. Louverture ; — les hommes de couleur, en les croyant disposées à les protéger contre de nouvelles atrocités ; — les noirs, en pensant que le régime de la vraie liberté allait être établi sous leurs auspices ; — les anciens Espagnols, en les délivrant du joug des noirs ; — la plus grande partie de l’armée, enfin, en s’imaginant que ses services rendus à la France, par la conquête du territoire sur les Anglais, allaient recevoir leur récompense.

Vaine illusion qui ne tarda pas à se dissiper pour les hommes de la race noire ! Car les colons et les habitans de l’Est, seuls, virent justifier leur espoir.


Quoi qu’il en soit, résolu à guerroyer, T. Louverture quitta D’Héricourt et se porta aux Gonaïves, le 8 février. De cette ville, il envoya ses ordres au général Maurepas. Nous n’avons pas sa lettre à ce brave ; mais, dans son mémoire au Premier Consul, il dit : « Je donnai connaissance au général Maurepas de mes intentions. Je lui ordonnai la plus vive résistance contre tous ceux qui se présenteraient devant le Port-de-Paix, où il commandait ; et dans le cas où il ne serait pas assez fort, n’ayant qu’une demi-brigade (la 9e), d’imiter l’exemple du général Christophe, de se retirer ensuite dans la montagne, emmenant avec lui les munitions de tous les genres : là, de se défendre jusqu’à la mort. »

Imiter l’exemple tracé par H. Christophe, c’est-à-dire, incendier la ville du Port-de-Paix.


Des Gonaïves, il écrivit aussi à Dessalines, le même jour, la lettre qui suit et qui fut interceptée et apportée au général Boudet :