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d’armes, de tous les hommes de la ville en état de servir. Les noirs et les mulâtres furent incorporés dans les troupes, et 400 jeunes gens des plus alertes entrèrent dans la fameuse 4e demi-brigade : les blancs furent mis à l’écart et désarmés. C’était agir en représailles de la tentative de désarmement faite par Lavalette contre les premiers : puisqu’il ne croyait pas alors pouvoir compter sur leur dévouement à une cause qu’ils avaient soutenue si longtemps, malgré tant de persécutions, Dessalines pouvait-il non plus compter sur celui des blancs à la cause indigène ? Mais il fit plus, en leur imposant une contribution de guerre dans la même journée : les traiter en vaincus, c’était une mesure peu rassurante, en même temps qu’on leur déclara qu’ils n’auraient pas la faculté de quitter le pays. Il fallait, au contraire, leur laisser cette faculté, puisqu’on les avait désarmés par méfiance : agir ainsi, c’était un indice de projets sinistres conçus contre leurs jours.

Le préfet Lecun avait contribué à inspirer à ces colons une grande confiance en Dessalines, indépendamment des on adresse à tous les habitans du Port-au-Prince ; ce prêtre était allé à Turgeau présenter ses hommages hypocrites au général en chef, et celui-ci avait dissimulé avec lui en lui faisant un accueil gracieux. De retour en ville, il prôna sa générosité ; il monta en chaire où il prononça un discours, en disant que désormais Dessalines ne serait plus appelé que Jean-Jacques le Bon. Ce tartuffe, qui avait donné tant de louanges à T. Louverture, qui l’avait honni ensuite, qui avait fait un si pompeux éloge de Rochambeau à la mort de Leclerc, porta par ses paroles beaucoup de colons, déjà embarqués, à rester au Port-au-Prince. Il n’y resta lui-même qu’en vue des avan-