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verture était prêt à se soumettre aux ordres du gouvernement français, en entrant en arrangement avec le capitaine-général, mais à condition qu’il fît cesser toute espèce d’hostilités. »

Dans l’intervalle, T. Louverture se porta à Saint-Marc, sur l’avis qu’il reçut, que deux vaisseaux avaient canonné cette ville : ils avaient été repoussés par le colonel Gabart. L’ex-gouverneur revint aux Gonaïves pour attendre la réponse du capitaine-général.

Le 14, cette réponse lui fut apportée par Placide et Isaac, l’âge de MM. Granville et Coisnon, et la crainte d’événemens sinistres sur la route les ayant portés à rester au Cap.

Leclerc « invitait T. Louverture à venir auprès de lui ; il lui promettait d’oublier le passé, de le proclamer le premier lieutenant du capitaine-général dans la colonie, s’il se soumettait à ses ordres, sinon qu’il le déclarerait ennemi du peuple français et le mettrait hors la loi. En lui accordant au surplus quatre jours pour se décider, il l’informait qu’il avait donné l’ordre à ses gérnéraux de marcher contre lui ; mais que le général Boudet s’arrêterait à l’Artibonite, jusqu’à sa décision. »

C’est alors que se passa une scène émouvante entre le père et les deux fils, — l’un adoptif, — l’autre naturel. Comme de raison, on n’en trouve la relation, ni dans les mémoires publiés par Isaac, ni dans le mémoire adressé au Premier Consul par T. Louverture : l’un et l’autre ne pouvaient avouer ce qui eut lieu en cette circonstance.

Mais il paraît que, résolu à se défendre, irrité par les menaces de Leclerc, T. Louverture, en déclarant à ses enfans sa détermination de combattre, leur laissa la liberté d’embrasser le parti qui leur plairait : — de rester au-