Mais, il y a lieu de croire que ce programme publié par Pétion n’était qu’une copie de celui qui lui fut adressé, — l’empereur, après son acclamation à Marchand, n’étant pas encore fixé sur la ville où il se ferait couronner ; car, autrement, on ne concevrait pas l’exécution d’un tel programme, au Port-au-Prince, en l’absence réelle de l’élu du peuple et de l’armée.
Ce fut au Cap qu’il se rendit pour cette cérémonie : elle eut lieu le 8 octobre, par les soins du général H. Christophe, bien capable d’y mettre toute la magnificence convenable. L’ancien curé Corneille Brelle, qui devait figurer un jour dans le couronnement de ce général devenu Roi, qui avait chanté tant de Te Deum pour Toussaint Louverture, en célébra un ce jour-là.
De brillantes fêtes terminèrent cette solennité au Cap, mieux encore que dans les autres villes de l’empire. Cette institution souriait à H. Christophe.
En définitive, la dignité impériale prise par Dessalines, reposait sur le principe de la souveraineté nationale, puisque l’acte portant les noms des généraux s’appuyait sur la volonté du peuple. En le qualifiant de citoyen dans cet acte, c’était donner à l’Empire toute la valeur d’une institution républicaine, — l’empereur ayant d’ailleurs déclaré qu’il renonçait à l’hérédité de sa puissance pour sa famille, qu’il la transmettrait à ceux qui avaient versé leur sang pour la patrie, et que même, dans le choix de son successeur, il n’aurait pas égard au principe de l’ancienneté militaire.
Les généraux, — moins le prétendant, — pouvaient donc rester satisfaits ; l’armée, qui aimait les qualités militaires de son chef redouté, avait autant de raison pour être aussi satisfaite, surtout en espérant qu’avec