Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rompre toutes relations avec les Anglais, de leur fermer les ports d’Haïti : il était d’ailleurs piqué du titre de capitaine-général que lui avait donné Duckworth, qui semblait l’assimiler à Leclerc ou Rochambeau, justement dans le temps où il venait de prendre le même titre que le nouveau souverain de la France.

Les autorités de la Jamaïque se tinrent pour averties des dispositions manifestées par un chef qui érigeait, comme première défense de son pays, l’incendie des villes. Les gardes-côtes haïtiens continuèrent à naviguer autour de l’île, et les navires marchands de la marine britannique continuèrent leurs relations commerciales très-fructueuses : ce qui était préférable à des hostilités sans but.

D’autres faits survinrent en ce temps-là, qui irritèrent Dessalines contre les étrangers. Des capitaines de navires américains vendaient eux-mêmes aux marchands de seconde classe, en gros et en détail, les marchandises qu’ils importaient : ce qui fît crier les négocians consignataires, qui les accusèrent en outre, d’opérer leur retour en numéraire au lieu d’acheter les denrées du pays. Il paraît aussi que quelques indigènes obscurs, hommes ou femmes de couleur, étaient partis clandestinement pour l’étranger, en prenant passage sur les navires des diverses nations.

Une première ordonnance, rendue au Cap le 15 octobre, fit défense, sous peine d’amende, à tous capitaines de navires étrangers de renouveler de telles ventes, en leur enjoignant de vendre leurs cargaisons à un ou plusieurs négocians réunis. Quant aux autres, une ordonnance du 22 du même mois les rendait passibles d’un emprisonnement de dix mois ; après quoi ils seraient renvoyés dans