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la frontière et les habitans à faire la chasse aux Haïtiens pour être placés dans l’esclavage.

La garnison d’Azua et celle d’un poste sur la route de ce bourg à Neyba évacuèrent ces points et se retirèrent à Santo-Domingo. Un habitant d’Azua, nommé Juan Ximenès, ayant devancé la soumission des autres, y fut placé commandant de ses compatriotes.

À Bany, l’armée ne trouva personne. « Ce fut alors, dit le journal de cette campagne, que S. M. fut pleinement convaincue que les naturels espagnols étaient totalement vendus aux Français, et par conséquent indignes d’éprouver plus longtemps les heureux effets de sa clémence. » Mais nous avons fait remarquer tout ce qu’il y avait de contraire à la raison et à la saine politique, dans la proclamation du 8 mai 1804. Cet acte menaçant n’était nullement propre à inspirer la confiance aux habitans de l’Est, qu’on eut la maladresse de ne pas considérer comme Haïtiens.

Enfin, le 6 mars, l’empereur était rendu avec son armée sur l’habitation Galar, où il établit son quartier-général, à une lieue un-quart de Santo-Domingo, entouré de 2500 grenadiers des divers corps de troupes. De là, il écrivit au général Ferrand pour le sommer de lui livrer la place, et les habitans de reconnaître son autorité suprême. C’est d’usage à la guerre, mais il savait qu’il n’en serait rien. Pour toute réponse, le général Ferrand fit incendier le faubourg San-Carlos qu’il ne pouvait défendre, étant situé hors des murailles de la ville.

Le 7, les généraux Pétion et Gabart visitèrent les environs pour placer leurs divisions. Ce jour-là, la division Christophe arriva sur les lieux.

Elle avait eu à combattre pour enlever Saint-Yague