Cette opinion nous paraît moins soutenable que la précédente. La constitution, en disposant que les généraux de divisions correspondraient directement avec l’empereur ou avec le général en chef, assimilait ce dernier au chef de l’Etat ; elle établissait dès lors en sa faveur cette hiérarchie, cette subordination, qui ont valu à Christophe le haut rang auquel il fut appelé, l’année suivante, par les généraux. S’il fût resté commandant de la 1re ou de la 2e division du Nord, il aurait continué d’être l’égal de Gabart, de Pétion, de Geffrard, etc, tandis que, devenu général en chef, il devint leur supérieur, par son rang.
Son élévation fut peut-être une sorte de compensation de la déclaration imprudemment faite par l’empereur, — qu’il n’aurait pas égard à l’ancienneté dans le choix de son successeur ; et l’on ne peut même savoir si la pensée secrète de Dessalines, malgré cette déclaration, n’était pas effectivement de désigner ainsi Christophe pour être son successeur, après lui avoir déféré le commandement des troupes à Marchand pour la fête de l’indépendance, et celui du corps d’armée qui marcha contre Santo-Domingo, en plaçant Clervaux sous ses ordres.
Pendant que l’Empereur était au Cap, il fut informé du départ du navire américain nommé la Louisiana qui, étant mouillé sur la rade extérieure du Port-au-Prince, à cause de son fort tonnage, s’enfuit facilement, emportant une immense cargaison de denrées sans en payer les droits d’exportation. Le capitaine de ce navire avait bien vendu ses marchandises d’importation, en vertu de l’ordonnance du 15 octobre 1804, à des négocians, et non en détail ; mais aucun acte jusqu’alors n’établissait la responsabilité des négocians envers le fisc, puisqu’ils traitaient eux-mêmes avec les capitaines, et que ceux-ci ne