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eut pas d’autres en 1805. Nous avons produit ces divers actes sans interruption, pour mieux en faire saisir l’esprit et leur corrélation avec la constitution.

La publication de celle-ci fut célébrée à Dessalines, par une fête brillante donnée par l’empereur aux officiers qui l’entouraient, et aux personnes qui y vinrent des villes et bourgs voisins : elle eut lieu le 16 juin. B. Tonnerre prononça un discours adressé par l’empereur, au peuple haïtien ; on y remarque ces passages :

« Honneur aux généraux dont la plume n’a pas dédaigné de stipuler les intérêts du peuple, après les avoir conquis à la pointe de l’épée.

« Gloire au peuple qui a senti que tout privilège injuste, toute prérogative injurieuse, toute prééminence fondée sur des préjugés humains[1], disparaissent au moment où se croisent les baïonnettes, et qui, après avoir fait la noble épreuve de cette vérité, se soumet lui-même au frein des lois et de la discipline.

« Je jure, a dit l’empereur dans ce discours, de respecter et de faire respecter la constitution dans toute son intégrité. Je jure de soutenir la liberté et l’indépendance, et de forcer nos ennemis à les reconnaître, ou de m’ensevelir sous les décombres de mes forteresses, dont les saluts répétés viennent de confirmer mon serment. C’est le premier que ma bouche ait prononcé, que mon cœur ait volontairement consenti, depuis que je parcours le cercle des vicissitudes dans lequel m’ont lancé les mouvemens révolutionnaires. Ce serment est mon arrêt. Ce serment est la mort pour quiconque ose-

  1. Nouvelle alusion contre l’établissement de la noblesse et l’hèrèditè de la dignité impériale.