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par les écrits de ces amis de l’humanité, avant que la révolution française vînt saper ces odieuses bases par la célèbre déclaration des droits de l’homme. Il devait s’écrouler, du moment que les colons, plus intéressés que leurs métropoles dans ces graves questions, opposaient une résistance insensée à toutes modifications compatibles avec ces droits naturels, légitimes.

À Saint-Domingue, sa chute eut lieu dans le sang des oppresseurs et des opprimés, avec un éclat digne de cette lutte entre le droit et le privilège.

Et comment en eût-il été autrement ?

En opérant sa révolution de 1789, la France avait jeté dans le monde les idées les plus libérales, les principes politiques les plus généreux.

Par la déclaration des droits de l’homme, elle n’avait pas stipulé pour les Français seulement ; mais, dans ses nobles aspirations à la liberté et à l’égalité, elle embrassa la cause de l’humanité en général.

Une telle résolution était digne de cette grande nation. Elle ne pouvait oublier qu’en la plaçant au centre de la civilisation, la Providence semble lui avoir réservé la mission d’en promouvoir les bienfaits partout. D’ailleurs, son caractère chevaleresque, son enthousiasme habituel, son génie initiateur, la clarté de sa langue qui la rend presque universelle, le progrès des lumières au 18me siècle : tout l’avertissait qu’elle était appelée à exercer une influence décisive sur les destinées des peuples, dont ses philosophes avaient revendiqué les droits imprescriptibles.

En effet, quels prodigieux changemens ne sont pas survenus en Europe et dans le monde entier, par la révolution de 1789, et même par les guerres qu’elle engen-