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les vœux des généraux pour une constitution dont ils ignoraient le premier mot, et qui ne leur a été connue que lorsqu’elle fut publiée, quand on l’a reçue[1], et qu’il foule aux pieds chaque jour…

Cette lettre fut expédiée au général en chef ; mais elle ne lui parvint pas et fut retrouvée au Port-au-Prince. Le lundi 13, Gérin partit avec les 15e et 16e demi-brigades pour se rendre au Pont-de-Miragoane, où sa jonction devait s’opérer avec les troupes des Cayes.

Elles n’avaient pu y recevoir leur solde que le 13. Ce même jour, Faubert et David-Troy y arrivèrent avec les ordres de Gérin ; mais dès la veille à midi, une pluie abondante avait commencé à tomber ; elle dura jusqu’au mercredi à peu près à même heure. Il semble que la Nature pleurait sur les fautes commises aux Cayes par le Fondateur de l’Indépendance nationale, sur les excès de son système gouvernemental, qui contraignaient le Peuple Souverain à reprendre l’exercice de son autorité pour l’abattre.

Faubert et David-Troy, qui savaient que Gérin avait écrit à Christophe, conseillèrent aux chefs des Cayes de l’informer aussi des événemens accomplis, puisqu’ils l’avaient acclamé chef du gouvernement. En conséquence, ils lui adressèrent la lettre qui suit :

Aux Cayes, le 13 octobre 1806.
Les chefs de l’armée du Sud, au Général en chef.
« Ils sont enfin connus, ces secrets pleins d’horreur ! »

Le général de brigade Moreau et ses adhérens, dignes satellites du

  1. Gérin confirme ici ce que m’a affirmé le général Bonnet. Ces deux généraux détruisent donc l’assertion de M. Madiou, disant que la constitution de 1805 fut envoyée préalablement à tous les généraux qui la signèrent. Hist. d’Haïti, t. 3, p. 216.