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donc qu’en 1800, la 3e demi-brigade avait reçu dans ses rangs, les débris de cette fameuse Légion de l’Ouest, de ce corps avec lequel Pétion avait si vaillamment défendu Jacmel ! Gédéon, ce noir si courageux, n’avait-il pas été le compagnon, l’ami fidèle de Lamartinière, l’un des braves de la Légion de l’Ouest[1] ?

Quand un gouvernement, un chef doit tomber, tout conspire à sa chute. Ses propres mesures facilitent l’arrêt du Destin, ou plutôt de cette Providence divine qui règle tout en ce monde.

La marche de la 3e s’était faite rapidement, les chefs sachant que l’empereur partirait de l’Arcahaie le lendemain au jour. En parcourant ainsi cette distance de 12 lieues, cette troupe, fatiguée, ne put mettre l’ordre convenable dans sa marche ; elle allait à volonté, divisée par petits pelotons, ayant des traînards ; les chefs restaient tout à fait en arrière pour les faire avancer. Vers 10 heures du soir, un voyageur annonça son approche du Port-au-Prince. Déjà, les cultivateurs sur la route faisaient la propagande révolutionnaire parmi les soldats, bien disposés à l’accueillir, sans que les officiers supérieurs pussent le savoir ou l’empêcher.

À la nouvelle reçue, que la 3e approchait, les généraux Gérin, Yayou et Vaval furent au-devant d’elle : ils achevèrent l’œuvre des cultivateurs, en faisant entrer en ville successivement les diverses fractions de ce corps débandé : il fut réuni sur la place Vallière. Le colonel Thomas Jean

  1. Après la mort de Lamartinière, en 1802, la 3e demi-brigade s’était ralliée aux bandes de Larose. Quand celui-ci fait devant Dessalines et que Pétion occupa l’Arcahaie, cette troupe fut placée sous ses ordres : de là, l’influence qu’il exerçait sur ce corps qui était dans sa division militaire en 1806. En 1812, on vit encore l’effet de cette influence sur la 7e demi-brigade qui avait été placée sous ses ordres dans la guerre de l’indépendance.