Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/352

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Les diverses circonstances de cette sanglante catastrophe avaient exigé moins de temps que nous n’en avons mis à les relater.


Dessalines, le fier et intrépide Dessalines, tombant mort par les balles de ces troupes haïtien nés avec lesquelles il avait conquis l’indépendance de son pays, on devait s’arrêter à cet épouvantable attentat. On assura à cette époque, que plusieurs officiers supérieurs tracèrent le funeste exemple d’une fureur impardonnable, sur le cadavre du chef qu’ils avaient tant redouté ; que le général Yayou et le chef de bataillon Hilaire Martin, de la 16e, lui portèrent plusieurs coups de poignard ; que le général Vaval voulut décharger sur lui ses deux pistolets, qui ratèrent ; et que le chef d’escadron Delaunay fendit la tête de Charlotin d’un coup de sabre, peut-être en ne voulant que frapper aussi le cadavre de l’empereur.

Comment les soldats eussent-ils respecté le corps de Dessalines, après cette fureur des chefs ? Ils lui coupèrent les doigts pour prendre ses bagues de prix ; ils le dépouillèrent de ses vêtemens, ne lui laissant que sa chemise et son caleçon ; ses armes, pistolets, sabre, poignard, devinrent la proie des pillards. Le général Yayou ordonna aux soldats d’emporter le cadavre en ville, sur la place d’armes, en face le palais du gouvernement. Dans ce tra-

    trouve à peu près semblable à celle des écrits du temps. Que Dessalines ait tenté de retourner sur ses pas, c’était un mouvement tout naturel et qui ne prouve pas que son courage faillit en cette occasion ; un homme seul ne peut résister à une multitude. Ce seul homme tué, selon la Relation de la campagne, serait celui tué par Dessalines de son coup de pistolet. S’il y a eu des blessés du côté de l’ennemi, comme elle dit, ce serait donc parmi les aides de camp de l’empereur. Le sous-officier qui ordonna à Garât de tirer, se nommait Maurice Duverger, de la 15e.