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particulièrement à David-Troy. Ils n’eussent probablement jamais consenti à devenir les instrument des passions politiques des chefs révolutionnaires auxquels ils se jugeaient supérieurs…[1] La patrie perdit en ces deux hommes, victimes de la jalousie la plus odieuse, talent, courage et jeunesse… Comme la politique infâme et machiavélique de l’époque commandait que Mentor, noir, ne fut pas sacrifié seul, Boisrond Tonnerre, qui avait été un des intimes de l’empereur, fut immolé pour prouver aux masses noires que les préjugés de castes ne dictaient pas les mesures révolutionnaires, etc.[2] »

Les masses noires n’auraient qu’à tire tout ce que les traditions rapportent et qui est transcrit dans cette Histoire, a la charge de Mentor, pour se convaincre qu’il ne fut pas sacrifié, parce qu’il était noir ; et à la charge de Boisrond Tonnerre, qu’il ne périt pas uniquement pour leur prouver que les révolutionnaires, en immolant un mulâtre, n’étaient point mus par des idées de castes[3].

Nous indiquons à ces lecteurs, à l’égard de Mentor, les pages 212, 213, 237, 238, 245, 249, 250, 256, du 3e volume de cette Histoire, pour voir comment ont été signalés sa duplicité, sa perfidie, ses conseils astucieux à Dessalines, soit contre les généraux les plus influens de cette époque dont il désirait, la mort ou la disgrâce pour parvenir à l’Empire, soit contre ce chef lui-même pour le porter à se faire haïr par ses concitoyens, et le perdre. Et

  1. Hist. d’Haïti, t. 3, p. 339. Mais, probablement, ils eussent consenti à servir la fureur de Christophe, comme firent Vastey et J. Chanlatte.
  2. Ibid., p. 340.
  3. Si, malheureusement pour eux, on les trouva tous deux coupables, le mulâtre ne devait pas jouir d’un privilège.