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à la haine les uns contre les autres, dans le but de faciliter la restauration de l’autorité métropolitaine. Ce moyen, qui avait réussi une fois, devait échouer devant la clairvoyance des esprits, en présence de l’animosité des cœurs, détachés pour toujours de la France. Découvert dans ces ténébreuses menées, l’un de ces agents périt, avec justice, victime de ce rôle odieux. L’autre, pour le malheur du fondateur de l’indépendance, déjà connu de lui, sut capter sa bienveillance, devint officier de son état-major, le poussa bientôt à des mesures violentes qui lui aliénèrent ses concitoyens : son sort était de périr avec l’empereur.

En ce temps-là, arrivèrent aussi, de France, divers anciens officiers de Rigaud. Cette coïncidence contribua à faire naître des préventions dans l’esprit égaré de l’empereur, contre les hommes de l’ancien parti politique de ce révolutionnaire, contre la généralité de la population de son département natal.

Ce fut dans de telles circonstances, que l’empereur, conseillé par son entourage, léger, inconséquent, dépravé, octroya une constitution qui organisa l’autorité impériale d’une manière monstrueuse, en ne laissant point assez de garanties à la nation, et principalement aux généraux et autres officiers de l’armée. Et cependant, il eut encore la malencontreuse audace de faire apposer leurs noms à cet acte, comme s’il avait été leur ouvrage ! C’était méconnaître ce que le bon sens conseille à la prudence la plus vulgaire.

Des lois organiques suivirent la constitution. Un code pénal militaire, d’une sévérité extrême, renforça le régime, déjà trop dur, observé par l’armée. Une loi sur l’organisation des conseils spéciaux tendait à la désorgani-