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Sénat lui demanderait ; il pouvait inviter le Sénat, par écrit, à prendre un objet en considération, lui proposer des mesures, mais non des projets rédigés en forme de lois. Il était sujet à être mandé pardevant le Sénat, « en cas de flagrant délit d’un crime, ou pour faits de trahison, de dilapidations, de manœuvres pour renverser la constitution, et d’attentat contre la sûreté intérieure de la République. » Il recevait, enfin, une indemnité annuelle de 24 mille gourdes ou piastres.

Un caractère comme celui de H. Christophe ne pouvait accepter la présidence, avec un pouvoir aussi limité. Il y avait trop d’orgueil en lui, trop de désir d’acquérir la domination par une éclatante position, un trône enfin, pour être un modeste président. Obligé encore d’abandonner le Cap pour venir résider au Port-au-Prince, sans pouvoir y amener les troupes du Nord, de se trouver placé au milieu de celles qui venaient d’abattre Dessalines, près du Sénat tout-puissant, il y eût été à la merci de ses adversaires.

Mais à qui et à quoi imputer cette situation ? À lui-même qui ne sut jamais réfréner ses passions, qui montra toutes ses prétentions exorbitantes dès la mort de Dessalines, qui n’employa que des rigueurs au lieu de la modération. — à ses antécédens despotiques dont il réveilla le souvenir, par la crainte qu’il fit naître dès qu’il fut nommé chef provisoire du gouvernement.

La guerre civile était donc la seule ressource d’un esprit aussi impérieux ; car il ne pouvait dominer sur l’Ouest et le Sud.

Le huitième titre de la constitution détermina les principes de l’organisation judiciaire, pour distribuer la justice civile et criminelle aux citoyens ; — le neuvième fut