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dans le Sud, était le plus exécré dans ces départemens ; mais il était presque toujours dans les illusions qui font croire que la force est le plus puissant moyen.

Il était indigné contre Pétion, à raison de la promotion de Francisque et de Borgella, deux officiers aussi méritans ! Mais alors il décelait des sentimens peu dignes de lui-même. Ne fut-ce pas Francisque qui fit prendre aux Cayes un caractère décisif à l’insurrection du Port-Salut, qui contribua à entraîner Gérin à prendre la direction du mouvement ? Ne fut-ce pas Borgella qui, par sa lettre à Lamarre, lui ouvrit la route et les portes du Petit-Goave ? — Francisque avait été l’un des braves capitaines de la 13e, lorsque Pétion prit les armes contre les Français au Haut-du-Cap : de là son attachement à son ancien chef, et puis, Férou venait de mourir, il fallait un officier général de cette trempe à Jérémie ; il fut nommé pour ce commandement[1].

Borgella était un ancien légionnaire de l’Ouest, comme Pétion, à Léogane. On a vu la conduite de Pétion à son égard et celui de David-Troy, lorsque Bauvais les fit incarcérer ; on a vu que Pétion le jugea digne de la plus dangereuse confidence, pour porter ses avis à Geffrard : de là la sympathie existante entre eux. On la vit mieux encore en 1812, époque si honorable pour l’un et l’autre. Borgella fut nommé colonel de la 15e en remplacement de Francisque, parce que ce corps était du cantonnement d’Aquin où il était commandant de place, et qu’il venait récemment de sauver plusieurs de ses officiers dans le jugement du conseil spécial ; ce qui lui donnait sur eux et

  1. À la page 382, t. 3, de l’Hist. d’Haïti, il est dit que Pétion et Gérin se proposaient de confier cet arrondissement à Francisque. Pourquoi donc Gérin fut-il fâché de sa nomination ?