Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/127

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lais[1]. Borno Déléard s’embarqua sur un navire qui le porta à l’étranger[2]. Michel se rendit à Léogane auprès de l’adjudant-général Marion qui le cacha pendant plusieurs mois. Les autres officiers de l’état-major trouvèrent aussi le moyen de se cacher.

La mort de Magloire Ambroise, survenue par sa conspiration contre le gouvernement de la République, excita dans le temps, en Pétion surtout, et doit encore aujourd’hui exciter autant de regrets que celle de Yayou. C’est la tâche de l’histoire, qui a d’autres regrets à manifester sous ce rapport, de faire ressortir devant la postérité, pour justifier ces pénibles sentimens, les qualités qui distinguaient tous ces citoyens égarés par de funestes passions, par l’erreur où les jetèrent une ambition effrénée, une jalousie insensée, des rivalités de position militaire, des influences pernicieuses sur leur esprit, incapable de comprendre le système politique adopté par Pétion pour le gouvernement du pays, après tant de révolutions successives et un régime administratif toujours si contraire au bonheur, à la liberté, à tous les droits des citoyens en général. Dans l’impossibilité où ils étaient de saisir sa pensée, de prévoir les résultats que son génie préparait pour la patrie commune, tous ces hommes devinrent successivement des opposans à son gouvernement, et traduisirent leurs opinions en actions, en faits coupables aux yeux des lois : les uns périrent victimes de leurs folles entreprises, les autres, — et c’est le plus grand nombre, — ne durent leur salut, ne furent con-

  1. Elie était un médecin français, devenu Haïtien en 1804. Il était généralement aime à Jacmel, et au Port-au-Prince où il est mort longtemps après.
  2. Borno Déléard ne revint en Haïti que vers 1816 ; mais il ne fut employé ni par Pétion ni par Boyer : il est mort quelques années après.