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ébranlé dans l’esprit des hommes raisonnables. Sa colère fut telle, qu’il jeta son chapeau galonné au milieu de la salle des séances.

Après sa sortie, le sénat rendit une loi sur les patentes, que le comité des finances avait également préparée. Cet impôt dut être payé par ceux qui y étaient assujétis, à partir du 1er avril suivant.

Chacun des sénateurs demeura convaincu qu’on ne pouvait plus ajourner l’élection du nouveau Président d’Haïti, afin de mettre un terme à cette véritable anarchie qui se manifestait au sommet de la société. À cet effet, le sénat se réunit le 9 mars. Pétion continuant d’être malade, ne put assister à cette séance ; mais Gérin y vint. Soit qu’il pensât qu’après la scène de colère du 7, il était déplacé dans ce corps auquel il avait manqué d’égards, soit qu’il voulût faire sentir son importance et influer sur l’esprit de ses collègues, il remit au sénat, à l’ouverture de la séance, une lettre par laquelle il donnait sa démission de sénateur. Le sénat déclara ajourner à y statuer, pour qu’on pût obtenir de lui de renoncer à cette résolution : en effet, il n’y donna pas suite immédiatement[1].

Sur la proposition d’un sénateur, que, vu la vacance de la présidence depuis la rébellion de H, Christophe, le bien public exigeait impérativement qu’il fût procédé à son remplacement, le scrutin circula ; et sur 16 votans, le général Pétion réunit 13 voix, et les généraux Gérin, Yayou et Magloire Ambroise chacun une. En conséquence, Pétion fut proclamé Président d’Haïti. [2]

  1. Voyez le procès-verbal de la séance du 9 ; il y est question d’une lettre de Gérin, sans mention de son objet ; mais celle qu’il écrivit au sénat le 11 janvier 1808, pour renouveler sa démission, le dit formellement.
  2. Il fut remplacé au sénat, le 1er avril, par le citoyen Neptune, sur le refus du citoyen Rollin, élu le 30 mars. L’un et l’autre étaient députés du Nord a l’assemblée constituante.