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solûment l’offensive contre l’ennemi, et qu’il conjurait le président de ne pas renouveler les fautes de Rigaud, le président se voyait obligé d’ajourner toute campagne contre le territoire de Christophe, par rapport aux préoccupations que suggérait la conduite du général Gérin.

Le 1er avril, Lamarre accusait réception de 420 habits et de 13000 gourdes destinés à ses troupes, et de 7 sabres envoyés par le président pour divers officiers. Il faisait ce qui dépendait de lui pour cette armée, mais il fallait encore 1500 habits et des gilets pour la cavalerie qui était de 200 hommes bien montés. À la fin de ce mois, Christophe était arrivé au Port-de-Paix avec le général Magny et les troupes de l’Artibonite, dans le dessein de marcher contre Lamarre qui était encore à Foache. Mais celui-ci alla hardiment au-devant de toutes ces forces : le 1er mai, il écrivit au président : « C’est au milieu des balles que je vous écris, etc. ; » il avait trois divisions à combattre : déjà il comptait 150 blessés dont 5 chefs de bataillon. Le 6 mai, ses succès étaient complets, il avait refoulé l’ennemi au Port-de-Paix, déjoué une conspiration ourdie parmi ses troupes, par deux officiers de la 18e qu’il fit fusiller. « Je ne puis, dit-il dans sa lettre au président, vous exprimer ce que l’adjudant-général Delva a fait dans ces actions : sa valeur surpasse ce qu’on peut en imaginer. Le chef d’escadron Toussaint s’est distingué avec le courage d’un héros.[1] » Les colonels Bauvoir, Gabriel Reboul et Léger prirent

  1. Ce fut dans la savanne Colette, à un quart de lieue du quartier-général de Lamarre établi à Foache, que Toussaint se distingua ainsi. Il eut un combat singulier avec Juanem qui commandait la cavalerie de Christophe : après l’avoir blessé, il chargea cette cavalerie avec ses dragons et la mit en déroute. Christophe observait ce combat à peu de distance ; il fut contraint de fuir devant les vainqueurs.