Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/173

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président la copie de cet ordre du jour : ce fut au sénat qu’il l’adressa.

Depuis qu’il était devenu sénateur, il correspondait autant avec ce corps qu’avec Pétion : il lui disait les mêmes choses, rappelant toujours les malheurs de la première guerre civile, demandant des secours, se plaignant de ce qu’on ne lui envoyait pas assez de troupes, etc. On conçoit alors que ses lettres étaient agréées au sénat comme une sorte de censure, sinon de dénonciation, de la mollesse qu’on trouvait en Pétion, surtout dans les circonstances dont nous nous occupons.

Les choses étant ainsi, à la mi-juillet une colonne ennemie parut près du camp du Boucassin ; l’alarme fut donnée au Port-au-Prince où Pétion n’était pas encore de retour. Le 15, le sénat lui adressa un message pour l’inviter à y revenir dans le plus bref délai ; d’amener avec lui toutes les troupes et les gardes nationales qui ne seraient pas nécessaires dans la Grande-Anse ; « de réunir les généraux les plus capables de commander l’armée ; » et à ce sujet, il appela son attention sur le manque d’officiers supérieurs. C’était lui insinuer de réactiver Gérin, de faire des promotions parmi les colonels. Le lendemain, 16, l’ennemi étant encore en présence, le sénat écrivit au général Bazelais pour mettre sous sa responsabilité le salut de la République, en l’invitant à lui rendre compte de ses opérations.

Bazelais avait rempli son devoir militaire ; commandant général des troupes par délégation du Président d’Haïti, il s’était porté au Boucassin dès la nouvelle de l’apparition de l’ennemi, afin d’aviser aux moyens de le combattre et de le chasser. Il obéit au sénat et l’informa de tout ce qu’il faisait dans ce but. Le 23, il avait chassé