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générale par ses tambours et ses fifres, pour réunir devant sa maison toute la 18e, sous le prétexte que des soldats de la 3e avaient prêté leur concours aux fifres et tambours du même corps.

À ce bruit de tambours, le colonel Gédéon, qui ne voulait pas qu’il fût dit que la 3e avait reculé, fit battre aussi l’assemblée générale pour réunir son vaillant régiment.

Ces deux colonels demeuraient dans la rue du Centre, dans le même îlet et à 150 pas au plus l’un de l’autre[1] ; en un instant cette rue fut encombrée de soldats de la 3e et de la 18e. Les colonels allaient faire sortir leurs drapeaux pour engager l’action, lorsque le Président d’Haïti envoya arrêter Bergerac Trichet, qui fut conduit en prison par ses ordres. Ce fait eut lieu le 23 juillet : le 31, ce colonel écrivit au président et lui demanda à être jugé ; n’ayant pas reçu de réponse, le 1er août il s’adressa au sénat en demandant sa mise en liberté, vu la violation de l’art. 145 de la constitution, par le président. Le sénat passa immédiatement à l’ordre du jour sur la pétition, et Bergerac Trichet dut se résoudre à attendre sa relaxation de la volonté de Pétion : ce qui eut lieu après la décision du sénat. Lys en était le président et dut savoir, en sa qualité de commandant d’arrondissement, que ce colonel avait troublé la tranquillité publique.

Dans ce moment d’agitation, le secrétaire d’Etat César Thélémaque décéda. Cet excellent citoyen, né à la Martinique, termina honorablement sa longue carrière où il avait donné des preuves de son attachement à la liberté

  1. Bergerac Trichet logeait dans la même maison que Yayou avait habitée, à côté du palais du sénat ; et Gédéon occupait celle où logea Chervain, au coin de la rue du Centre et de celle du Port, vis-à-vis celle de J.-P. Boyer.