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pagnies de grenadiers, quelques gardes nationaux et quelques tailleurs sous les ordres de Faux, formaient toute la garnison intérieure de la place, et gardaient les forts Georges, Allemand, Vallière, et les postes Intermédiaire et de la porte de Jean-Rabel.

Informé sans doute de cette situation, par les transfuges de la 9e qui avaient passé sous ses drapeaux, et surtout par Madou, capitaine renvoyé de ce corps qui s’offrit de piloter l’ennemi, le redoutable Monseigneur du Nord[1], étant au Port-de-Paix, ordonna aux généraux Romain et Magny de se laisser guider par cet officier, pour pénétrer dans l’enceinte du Môle, enlever cette place, tuer ou faire prisonniers Lamarre et les officiers supérieurs qui étaient avec lui, bien convaincu qu’après un tel succès, il parviendrait à vaincre Delva et ses compagnons à la Source-Ronde.

Dans ce but, Romain et Magny, à la tête de dix bataillons d’infanterie et deux escadrons de cavalerie, surprirent la garde de la porte de Jean-Rabel, le 13 janvier à 3 heures du matin, et l’enlevèrent : après y avoir placé des troupes, ils pénétrèrent dans l’enceinte du Môle et vinrent prendre position sur la place d’armes. Quoique surpris, ces militaires tirèrent quelques coups de fusil qui donnèrent l’alarme dans la ville.

Lamarre fut un des premiers réveillés : il habitait une maison située près du fort Georges. Il chargea Bauvoir de sa défense, fit partir Éveillard avec l’une des compagnies de grenadiers, et ses aides de camp Valéry Renaud,

  1. Pou après sa constitution de février 1807, Christophe se fit qualifier de Son Altesse Sérénissime Monseigneur le Président  ; le titre d’Excellence était trop mesquin pour lui, l’autre préparait les esprits à celui de Su Majesté  : ce fut une habileté de sa part. Dans une lettre du 13 novembre 1807, de Lamarre a Pétion, il disait de Christophe : l’Oppresseur monseigneurisé.